La fanfare du négus

25 novembre 2013 Par hugfon
fanfare arménienne

Illustration : Photomontage commémoratif de la fanfare royale avec en médaillons Kévork Nalbandian et le negus Täfäri, 1929
(© Bibliothèque Nubar, Paris).

Jean-Claude Penrad me signale la parution aux éditions de l’EHESS de La fanfare du Négus. Les Arméniens en Éthiopie (XIXe siècle – XXe siècle) de Boris Adjemian (Préface de Gérard Noiriel). « Il y est question, me dit-il, de la première locomobile importée par Sarkis Terzian, un proche de Ménélik. » Épisode que je raconte dans Un Train en Afrique, à la suite de Hugues Le Roux (billet à paraître ici prochainement).

Suivant les traces de la méconnue diaspora arménienne en Éthiopie, Boris Adjemian met en lumière le silencieux ouvrage d’un enracinement paradoxal, qui place les individus à mi-chemin du national et de l’étranger.
En 1924, le prince héritier et futur empereur d’Éthiopie, rasTäfäri, en visite à Jérusalem, appelle quarante orphelins arméniens rescapés du génocide de 1915 à former la fanfare royale de son pays. Le chef d’orchestre, lui aussi Arménien, composera le premier hymne officiel de l’État éthiopien.
Tirant le fil de cet événement à forte charge symbolique, et suivant l’histoire de la petite communauté arménienne en Éthiopie, Boris Adjemian montre combien elle a agi aux marges de la société politique, se dissimulant dans ses interstices, préférant l’intimité et la loyauté discrète à l’éclat de la politique ouverte. Le rôle surprenant des Arméniens dans le pays d’accueil s’incarne dans l’amitié que les rois leur portaient, thème qui rejaillit souvent dans les récits de vie recueillis auprès de leurs descendants.
Mettant au jour l’importance politique et culturelle d’une communauté longtemps méconnue et qui s’est effacée, cette enquête mobilise la mémoire collective de l’immigration arménienne. L’auteur plaide pour une approche sédentaire de la diaspora, pour une socio-histoire de cet enracinement collectif qui remonte au xixsiècle, place les immigrants à mi-chemin du national et de l’étranger, tout en révélant la faculté des individus à se jouer des identités ou des appartenances. Une exploration originale de la construction sociale du national et de l’étranger en Afrique ou ailleurs.
SOMMAIRE
Préface de Gérard Noiriel
Introduction – De la part sédentaire des diasporas à l’histoire de l’État-nation
Première partie – Genèse d’une tradition politique éthiopienne. Essai d’histoire régressive
Chapitre premier – La cire et l’or : le rôle politique insoupçonné de la fanfare royale
Chapitre II – Le temps long d’un événement : de Jérusalem à Jérusalem
Chapitre III – Des immigrants et des rois : vers une nationalisation symbolique
Deuxième partie – L’amitié des rois. La logique en action d’une autobiographie collective.
Prélude à l’histoire d’une mémoire collective
Chapitre IV – Un passé qui engage le présent : les enjeux sociaux de la fabrique des héros
Chapitre V – Arméniens de Ménélik. De l’accueil vécu à la sédentarisation d’un imaginaire
Chapitre VI – Arba ledjotch : apothéose logique d’une destinée collective
Troisième partie – La sédimentation de l’insaisissable. Configuration et usages d’un espace de l’entre-deux
Chapitre VII – De la liminalité à l’interstitiel : un espace de sociabilités décloisonné
Chapitre VIII – Entre apatride et national : la Belle Époque d’un entre-deux juridique
Chapitre IX – Entre färändj et habäsha : représentations et pratiques sociales de l’hybridité
Conclusion
Chronologie sommaire de l’histoire d’Éthiopie • Glossaire • Remerciements • Sources et bibliographie • Index (lieux, noms, notions)

Envoi de Serge Magallon (sa collection). Voir son commentaire.

CP MIchel 29 recto
CP MIchel 29 Verso