Une Gendarmerie des Transports Ferroviaires

17 janvier 2019 Par hugfon

Un communiqué de l’Agence de presse Xinhua fait état de la création de la « Gendarmerie des Transports Ferroviaires (GTF) pour sécuriser le tronçon djiboutien du nouveau chemin de fer djibouto-éthiopien et garantir la sécurité des personnes et des biens ».

« La GTF aura pour mission principale de mettre en oeuvre les mesures de sécurité globale relatives à la protection des personnes, des équipements et des installations de la Société de Chemin de Fer de Djibouti.

Outre le renforcement de la sécurité des installations ferroviaires et la prévention contre les actes de terrorisme et de vandalisme perpétrés sur les équipements des infrastructures de la société, la GTF sera également chargée de contrôler les accès et la circulation en zone réservée, d’assurer la sécurité des voies ferroviaires et des ponts et de sauvegarder la vie des passagers, des équipages et des personnes au sol. »

Carte postale de la série éditée par A Holtz. Photographe inconnu.

En 1898, l’entreprise en charge de réaliser pour la Compagnie impériale des chemins de fer éthiopiens le tronçon Djibouti – Harar, qui se transforme en un tronçon Djibouti – Addis Harar, la « nouvelle Harar », nom d’abord donné à Diré-Daoua, avait procédé elle aussi, pour protéger la ligne, à la création d’une « milice indigène », le « Service des affaires indigènes » formé à partir d’une milice de commerçants français et placé sous les ordres d’un certain Pierre Carette, que les journaux, nous dit Rosanna Van Gelder De Pineda, surnommaient « le Prince du désert ».

« Le Service des Affaires Indigènes de la CIE, composé d’ascaris abyssins et issas, est principalement établi pour assurer les rapports entre le chemin de fer et les tribus issas, devant l’impossibilité d’envoyer directement des troupes coloniales en territoire éthiopien. Pierre Carette, le chargé du service à l’époque de la première compagnie, jouit d’une puissance considérable sur le trajet entre Djibouti et Diré-Daoua et même à Addis-Abeba ; il possède un budget de 100.000 francs annuels, sans aucun compte rendu, étant responsable uniquement devant le Président du Conseil d’Administration de la compagnie. Petit-fils de l’amiral Bouvet de Lozier et secrétaire de Chefneux, il organise le Service Indigène de la CIE. Son frère, Eugène, se trouve souvent sur place, mêlé parfois aux affaires commerciales en Abyssinie ; ils sont plutôt des aventuriers, mais très bien recommandés auprès des Européens sur place par un familier (inconnu) de Marseille. Les journaux appellent Pierre Carette, le « Prince du Désert » ; il fait l’objet d’attentats et de duels à Djibouti, des épisodes qui prêtent à la CFS le surnom de Far West français que l’on entend souvent chez les cheminots plus âgés. Il termine ses jours en Algérie, où il s’essaie à la viniculture ».

Rosanna Van Gelder De Pineda, Le chemin de fer de Djibouti à Addis-Abeba,Paris, L’Harmattan, 2000, 734 p.