Arnold Holtz, circa 1909
26 mars 2013Francis Falceto m’envoie cette carte reproduisant un cliché d’Arnold Holtz, « un des photographes les plus intéressants du début du XXe siècle éthiopien », m’écrit-il. Ses photographies sont, poursuit Francis, « de très bonne facture technique, si on les compare au tout-venant de la même époque ».
Francis a publié un texte sur ce personnage « prodigieusement romanesque » ainsi que quelques-unes de ces cartes, dont Holtz est l’éditeur aux environs de 1909 (et pour certaines, l’auteur). Le tout a paru dans le volume 27 des Éthiopiques. Centenaire des premiers enregistrements éthiopiens.
« On ne sait encore que trop peu de choses sur Arnold Holtz, en particulier quant à ses relations avec Tèssèma Eshèté. “Commerçant et aventurier” est ce qui revient le plus souvent dans les rares évocations de cette personnalité allemande de la capitale éthiopienne. Holtz était assez proche du trône cependant pour que Menelik lui accorde des concessions minières, ou lui demande d’emmener en Allemagne trois jeunes Éthiopiens afin qu’ils apprennent la mécanique et la conduite automobile – pour s’occuper en particulier de la Nacke-Doppel-Phaethon 35 CV que Holtz venait précisément d’offrir à Menelik le 22 janvier 1908. Quelques semaines auparavant, au jour de l’an, c’est le Brittanique Bede Bentley qui avait présenté à Menelik une Siddeley 18 CV1. Holtz serait né en 1864 et arrivé en Éthiopie pour la première fois en 1901 ou 1902 avant de s’y installer en 19042. Il a publié deux livres de souvenirs, Im auto zur Kaiser Menelik II (Berlin 1908) et Am Tor der Tränen (Bab el Mandeb) – Afrikanische Erlebnisse eines deutschen Kuriers (Berlin 1929).
Les remarquablement documentés Récits de la Mer Rouge et de l’océan Indien de l’amiral Henri Labrousse, avec leurs précieux documents annexes3, nous apprennent qu’Arnold Holtz fut arrêté pour espionnage en juin 1917 à Djibouti par les autorités coloniales françaises, condamné et emprisonné en France jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale. Le chapitre XV de l’ouvrage est entièrement consacré à cette étrange pourtant très officielle mission puisque Holtz était alors mandaté par l’ambassade d’Allemagne à Addis Abeba. Il est lui-même porteur d’une lettre adressée au général Saïd Pacha, gouverneur du Yémen et commandant les troupes turques, signée “Arnold Holtz, Secrétaire de la Légation allemande à Addis Abeba”. Dix ans plus tôt, c’est d’édition de cartes postales éthiopiennes dont s’occupait aussi Arnold Holtz. Elles ont connu différentes éditions. Certaines comportent des légendes rédigées uniquement en allemand, d’autres rédigées en trois langues (allemand, français et anglais). Certaines sont clairement le fait d’Arnold Holtz comme l’atteste le verso, d’autres sont signées PRA (?) au verso. Sur la cinquantaine retrouvées, celles qui comportaient des indications de date, que ce soit dans la correspondance au verso ou grâce à une oblitération datée, toutes ont été adressées entre 1909 et 1912. Elles nous paraissent riches d’informations sur l’Abyssinie de cette époque. »
Francis Falceto, extrait du texte de présentation du vol. 27 de la série Éthiopiques.
- Clifford Hallé, To Menelik in a motor-car, London 1913 ; Arnold Holtz, Im auto zur Kaiser Menelik II, Berlin 1908 ; Nicholson T R, A Toy for the Lion, London 1965. ↩
- http://familytreemaker.genealogy.com/users/h/o/l/John-R-Holtz/WEBSITE-0001/UHP-0126.html ; Bahru Zèwdé, article « Holtz Arnold » de l’Encycloedia Aethiopica, T. III ; Bairu Tafla, Ethiopia and Germany – Cultural, Political and Economic Relations, 1871-1936, Wiesbaden, 1981. ↩
- « Commission française d’histoire maritime », Economica, Paris, 1992.↩
Ci-dessous, quelques cartes éditées par Holtz, légendées en allemand (portant ici une légende manuscrite en français).
Toujours à l’affût du moindre indice sur le chemin de fer franco-éthiopien.
Merci aussi à Francis Falceto que je n’ai malheureusement jamais rencontré. Une première fois pour la 2ème semaine franco-éthiopienne d’Hendaye où j’exposais une histoire postale de l’Éthiopie parce que j’étais en poste en Nouvelle Calédonie. Une deuxième fois à l’Alliance française d’Addis Abeba où il présentait son Éthiopiques en l’honneur de Getachew Mecuria. La troisième fois à Sète lors de Fiestasète où il présentait Mamhoud Amhed et Alemayehu Eshete.
A tous les lecteurs il faut conseiller cette série Éthiopiques qui est le reflet de cette musique encore trop méconnue.
Pour en revenir à Arnold Holtz cette série de cartes postales est remarquable par la qualité de ses clichés. Ce sont de véritables photographies Je possède 39 cartes différentes en version trilingue toutes affranchies du 27 novembre 1909 à Diré Daoua avec le cachet français DIRRE DAOUA ABYSSINIE.
La série que je mets en ligne ici est manifestement aussi un ensemble, posté d’Addis Abeba. Les timbres ont été enlevés, ce qui ne permet pas de connaître la date de l’affranchissement : le 8…