In memoriam Madame Assimakopoulos
16 mai 2014Voilà un mois que Mme Assimakopoulos nous a quittés.
Yves-Marie Stranger terminait ainsi le chapitre dans lequel il relate dans Un Train en Afrique sa rencontre avec Mme Kiki, au Buffet de la gare désaffectée d’Aouache :
« Comme le train, le Buffet de la Gare, est arrivé à son terminus il y a bien longtemps déjà. Curieusement, c’est assez réconfortant dans un pays où tout change d’un jour à l’autre. Les bâtiments et les routes surgissent quasiment en une nuit. La croissance démographique s’emballe comme un train sans frein. On parle désormais de 5 000 km de voie ferrée qui seraient construits par les Chinois, vers Jimma à l’ouest, vers Gojam au nord, et bien au-delà. Une vénérable Mme Li ou une honorable Mme Ki tiendra-t-elle salon dans cent ans au Buffet de la Gare, racontant des histoires sur l’ancienne et glorieuse voie de chemin de fer, depuis un recoin sombre de l’histoire ? Je ne pose pas cette question saugrenue à Mme Kiki bien sûr, mais je lui souhaite bonne nuit en français, à quoi elle me répond avec sa politesse surannée. Quant à savoir si ses manières impeccables sont grecques ou éthiopiennes – tandis qu’elle me scrute de ses yeux bleu pâle, non sans une pointe d’amitié – je serais bien incapable d’y répondre. Mme Angèle Assimakopoulos, qui a servi l’empereur d’Éthiopie, reste la dernière femme debout sur la plateforme du wagon de queue du franco-éthiopien. Le train, c’est elle désormais. »
Vincent Defait a publié dans le numéro 24 de la revue XXI un article qui lui est consacré.
Serge Magallon m’envoie cette enveloppe. Voir son commentaire.
Le buffet de la gare.
Me revient un souvenir de ma première halte en novembre 1970. Madame Kiki devait être présente, mais nous ne savions pas à l’époque qui elle était. Je viens de relire la lettre que j’avais envoyée à mes parents. Nous avions convenu que, à la place d’un journal personnel, je leur narrerais mes impressions. Venant d’Harrar, nous nous trouvons en pleine crise sanitaire. Une épidémie de choléra s’est déclarée et la police place des barrages routiers afin d’interdire tout retour. Nous arrivons a en franchir après longues palabres. Mais à Aouache plus question d’avancer. Un officier nous emmène au poste, mais nous autorise à aller manger au buffet de la gare, mais en nous accompagnant pour le cas où… La suite le lendemain sera encore pleine d’imprévus et de ruses pour contourner les autres barrages routiers.
Aujourd’hui le buffet de la gare a perdu son activité. Et cela m’amène à une lettre que je possède du temps de sa splendeur. Madame Kiki avait 3 ans quand elle a été écrite. Ancêtre d’une chaîne hôtelière propriété d’un grec, qui possède l’hôtel Impérial à Addis Abeba, l’hôtel buffet de l’Aouache et l’hôtel Continental de Diré Daoua. Ne manque que Djibouti et la voie de chemin de fer est bien pourvue pour ses passagers. Elle a été postée au bureau principal d’Addis à Piazza le 17 décembre 1931 l’affranchissement est correct 3 Guerches pour une lettre 1er échelon (15 grammes) vers l’Étranger.
Oh ! Mon Dieu !!!… Madame Kiki ! Que de souvenirs qui remontent à la surface ! Quand j’étais enfant, à Djibouti, je passais mes vacances scolaire chez ma tante à Dire Daoua ou Addis. ( Il y faisait nettement moins chaud qu’à JIB. ) Et bien entendu, l’arrêt-déjeuner à Awash était un « must ». Je garde le très vif souvenir des lasagnes de Kiki, les meilleures qu’il m’ait jamais été donné de manger !
Madame Kiki !!! Quelle femme extraordinaire !
Merci pour votre site !
Merci de votre visite. Cordialement, HF.