Invitation en bord de Meuse. Alfred Ilg et Rimbaud
15 mai 2016La Ville de Charleville-Mézières, en partenariat avec le Musée d’Ethnographie de l’Université de Zurich, présente du 21 mai au 2 octobre 2016 une exposition retraçant les 28 années de la vie de l’ingénieur Alfred Ilg dans ce que l’Europe nomme alors l’Abyssinie, l’Éthiopie des hautes terres. ALFRED ILG. UN SUISSE EN ABYSSINIE.
Ilg et Rimbaud se rencontrent pour la première fois à Entotto au printemps 1887. Après quatre mois d’une marche éprouvante à travers les déserts et la montagne, Rimbaud est arrivé à Ankober, où il pense trouver le roi Ménélik II à qui il vient livrer la caravane de fusils et de cartouches dont la commande avait été passée à Labatut, mort entretemps. À Ankober, Rimbaud est en butte aux « soi-disant créanciers de Labatut », dont le nombre ne cesse de croître. Il gagne ensuite Entotto, où il se confronte à la malice du roi qui vient de prendre Harar et avec elle tout un arsenal d’armes modernes dont les Britanniques avaient pourvu la ville. Dans ces circonstances, Ménélik refuse de payer à Rimbaud le prix convenu pour des armes qu’il juge obsolètes et se déclare à son tour créancier de Labatut. Alfred Ilg, qui a alors l’oreille du roi, prend la défense de Rimbaud et intercède en sa faveur.
Ilg retrouve Rimbaud à Aden en novembre 1888, alors qu’il se rend en Suisse. Tous deux partagent l’idée de construire pour le roi une fabrique de fusils et de cartouches. Tandis que Rimbaud reçoit une série de réponses contradictoires des autorités françaises auprès desquelles il a demandé l’autorisation d’importer ce matériel, et qu’il abandonne le projet, Alfred Ilg, lui, introduit en contrebande par Zeilah, les pièces d’une machine qu’il fait passer pour une presse monétaire. Montant au Choa, Ilg passe un mois et demi à Harar, hébergé chez Rimbaud, avant de réussir à rassembler une nouvelle caravane. Il convient avec son hôte d’être son correspondant sur les hautes terres et emporte avec lui, en plus des siennes, les marchandises de Rimbaud. Une correspondance commencée en janvier 1888, tandis qu’Alfred Ilg séjourne à Zurich, se poursuit jusqu’en mars 1891.
De passage à Harar en juillet 1891, Ilg s’étonne de ne pas trouver Rimbaud, qui a quitté la ville pour se faire soigner à Aden. Ilg n’apprendra que plus tard la mort à Marseille de celui dont il ne savait rien de la vie passée – ce dont il informe Zimmermann et Appenzeller de façon très laconique dans une lettre du 9 mars 1892 : « Comme j’ai appris par M. Chefneux, M. Rimbaud et M. Deschamps sont morts ».
Le vernissage aura lieu le samedi 21 mai à 17h00 en bord de Meuse, dans la salle des expositions temporaires du nouveau Musée Rimbaud, l’Auberge verte. Commissariat : Hugues Fontaine.