La Voie sans disque
8 avril 2013Projection ce soir à l’Institut Arthur Rimbaud de Djibouti de La Voie sans disque, film de Léon POIRIER d’après le roman d’André Armandy (1932). Avec l’aimable autorisation du distributeur et des Archives du film français (Centre national du cinéma et de l’image animée).
Le film est tourné en 1933 à Djibouti et Ali Sabieh (alors Côte française des Somalis) et en Éthiopie (Diré-Daoua, Aouache, Addis Abeba). Léon Poirier, qui s’inspire du roman d’André Armandy publié un an plus tôt, revendique un cinéma tourné en décors rééls avec des figurants recrutés localement. Le train, qui relie Djibouti à la capitale éthiopienne, et que menacent de saboter les « rebelles éthiopiens » manipulés par la légation turque à Addis Abeba (nous sommes en 1917), est au cœur du film, ce qui en constitue l’intérêt principal.
Léon Poirier a réalisé en 1926 La Croisière noire, film muet de l’expédition, d’une durée de 70 min. En 1930, il tourne à Madagascar : Caïn. Aventures des mers exotiques, avec Georges Million, le même opérateur que pour La Voie sans disque. Puis il co-réalise en 1934 avec André Sauvage La Croisière jaune* . En 1939, il retournera en Afrique pour réaliser Brazza ou l’épopée du Congo.
Gina Manès ( L’Homme sans visage (1919) de Louis Feuillade, L’Auberge rouge et Cœur fidèle (1923) de Jean Epstein, Joséphine de Beauharnais dans le Napoléon d’Abel Gance (1927)…) est Dinah, la maîtresse d’Ephraïm Bey (Camille Bert). Elle s’éprend de l’inspecteur du Chemin de fer, Jean Carlier, joué par un jeune premier, Marcel Lutrand (repéré dans Les Gaietés de l’escadron de Maurice Tourneur sorti en 1932), espérant trouver dans l’amour la rédemption. Au moment où elle tourne dans La Voie sans disque, la carrière de Gina Manès, connue pour ses rôles de séductrice et de femme fatale (Naples au baiser de feu, Le Train sans yeux…) a atteint son apogée. Sa longue vie (elle meurt à l’âge de 96 ans) est à elle-même un roman et vaut bien un billet !
LA VOIE SANS DISQUE (1933, 109′, N&B)
RÉALISATION ET SCÉNARIO : Léon Poirier d’après le roman d’André Armandy.
PRODUCTION : Comptoir Français du Film Documentaire. FRANCE, 1933.
INTERPRÈTES : Gina MANES (Dinah), Daniel MENDAILLE (Nicolaï), Camille BERT (Ephraïm Bey), Marcel LUTRAND (Jean Carlier), Alexandre MIHALESCO (Dikrane Mamoulian), Frédéric MARIOTTI, Max DUNAND, Charles FONTAINE, Roger TULLIO TERRORE, Mohamed ABDALLAH.
IMAGES : Georges MILLION
MUSIQUE : Jacques DALLIN
DÉCORS : Jean LAFFITTE
SON : Marcel ROYNE
* La Croisière jaune
d’André Sauvage et Léon Poirier
France, 1931-1934, noir et blanc, 90 min
Mêlant aventure, recherche et opération promotionnelle pour son commanditaire André Citroën, La Croisière jaune, expédition dirigée par Georges Marie Haardt et Louis Audouin-Dubreuil, allait faire se rejoindre entre mars 1931 et février 1932 deux équipes parties l’une de Beyrouth, l’autre de Pékin, en véhicules autochenilles.
A la suite d’un désaccord entre André Sauvage, auteur des images et d’un premier montage, et le sponsor, insuffisamment mis en valeur à son gré, le matériau filmé fut confié à Léon Poirier qui effectua le montage actuellement visible. André Sauvage abandonna le cinéma.
Le film observe la diversité des paysages, des hommes et des cultures au fil des quelque trente mille kilomètres d’un trajet empruntant en partie la Route de la soie, et narre certaines des nombreuses péripéties du voyage. (Extrait de la présentation du Centre Pompidou qui a diffusé le film en 2007).
Dommage que ces vieux films ne soient pas édités en DVD … mais il y aurait probablement peu de clients. Est-ce que les cinémathèques le passent encore en France ?
Le film est consultable à la Bibliothèque nationale de France et aux Archives du film français, à Bois d’Arcy. Pour l’avoir cherché assez longtemps, je peux vous dire qu’on ne le trouve pas en DVD. Il se peut qu’il circule dans des réseaux de ciné-clubs car un gérant dispose encore de droits sur ce film, mais je ne sais pas s’il est inscrit à un catalogue. Il faut guetter d’éventuels festivals consacrés à Léon Poirier ou au cinéma français des années trente.
Hugues a déjà projeté ce film à Addis Abeba.
J’étais dans la salle avec ma belle sœur éthiopienne. Elle ne parle pas français et pourtant elle est restée jusqu’à la fin. Il vaut mieux regarder ce film avec les yeux d’une personne qui aime l’Éthiopie. C’est rare un film tourné en décors naturels surtout en Éthiopie. A voir de toute façon.
La projection, ce soir, à Djibouti était épatante : salle captivée et réactive. Mon voisin me traduisait les paroles en somali dans les scènes documentaires tournées par Georges Million, l’opérateur de Léon Poirier, dans le quartier « indigène » de Djibouti ou à Ali Sabieh. Les spectateurs étaient épatés de voir le train rouler, aussi la ville de Djibouti au début des années trente. Le film dure 109′ et contient quelques longueurs sur la fin, quand il est question de l’espion allemand Gurk (histoire vraie d’un allemand, agent de la maison Maw-Klein à Diré-Daoua, qui fomentait une révolte des Issas) et pourtant, comme pour ta belle-soeur, tout le monde – ou presque – est resté jusqu’à la fin du film, qui est d’ailleurs une récompense en terme de cinéma quand on voit la loco foncer à tombeau ouvert vers Djibouti. (P-S : Rapprocher la capture de Gurk de l’arrestation à la même époque de deux autres « espions allemands », Karmelich et Holtz, personnage trouble dont il a été question dans un précédent billet.)
Bonjour,
Le film la voie sans disque va passer dans peu de temps, le 14 je crois, sur TF1 ou une chaîne du groupe.
Je suis en train de réaliser les sous-titres pour sourds et malentendants et j’aurais besoin d’aide auprès de ceux qui connaissent le film. Savez-vous quelles sont les langues utilisées auprès des populations locales ? J’ai cru reconnaître l’arabe quand l’action se passe encore à Djibouti, mais ensuite, quand ils sont en Ethiopie et notamment à Addis-Abeba, est-ce de l’amharique ou autre chose ?
Merci d’avance si vous pouvez m’aider.
Bonjour, merci pour cette information. Je vais me renseigner plus précisément mais à Djibouti, les « indigènes » parlent l’afar et l’arabe. A Addis, quelques mots d’amharique. Je vous envoie un message en privé. Cordialement, HF.