Quand les images en disent plus que les mots
16 décembre 2013L’Éthiopie a confié à trois sociétés chinoises la construction d’une partie de son nouveau réseau ferré : la China Railway Engineering Corporation (CREC), qui réalise le tronçon Sebeta1 – Mieso (317 km) ; la China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC), qui poursuit la ligne de Mieso à Dawenlé situé à la frontière djibouto-éthiopienne (340 km) puis jusqu’au port de Doraleh en République de Djibouti (100 km) ; et la China Communication Construction Company (CCCC), qui a en charge la section Woldiya-Mekele (269 km).
Ces trois chantiers sont financés en majeure partie par la Chinese Export Import (EXIM) Bank. Ils font partie de la première phase (2 000 km) du projet de réseau ferré conduit par Ethiopian Railways Corporation (ERC) dans le cadre du plan quinquennal pour la Croissance et la Transformation de l’Éthiopie (FDRE Growth and Transformation Plan, GTP) à échéance de 2015.
CREC construit de surcroît les 34 km du tramway d’Addis Abeba, financé également par la Chine.
Les travaux sur la ligne Addis Abeba – Djibouti ont commencé en octobre 2012 et mars 2013 (2e tronçon). Échéance prévue d’ici trois ans. Le tracé reprend à peu de chose près celui de la ligne historique – qui correspond à celui de l’immémoriale route caravanière du royaume de Shoa au vieux port de Zeïlah2. Le port de Djibouti demeure la voie d’accès à la mer3.
L’objectif ultime d’ici 2020 est de réaliser un réseau de 8 corridors totalisant 4 744 kilomètres de voie électrifiée à écartement standard (1,435 m) et reliant l’Éthiopie à ses voisins, le Kenya, le Soudan, le Sud-Soudan et Djibouti (ports de Doraleh et de Tadjourah), son principal accès à la mer.
- Située à 22 km au sud-ouest de la capitale ↩
- Basuyau (Vincent), Le chemin de fer de Djibouti à Addis Abeba, DEA Université de Paris I – Panthéon Sorbonne, 1991. ↩
- Un projet d’ouvrir un corridor sur Berbera, port du Somaliland sur le golfe d’Aden (région de la Somalie qui a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991, non reconnue internationalement) est à l’étude sur financement européen (échéance au printemps 2014). En octobre 2009, Bolloré Africa Logistics a déclaré son intention d’investir 500 millions d’euros dans le projet de Berbera. ↩
Ce billet est un extrait d’une communication présentée lors du colloque international « Le secteur des transports ferroviaires dans la mondialisation », jeudi 12 et vendredi 13 décembre 2013 à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.
Merci Hugues, d’avoir posté ce commentaire super-intéressant. Tant mieux pour les Ethiopiens, mais on ne peut s’emêcher de regretter notre absence à nous Européens…
Bonjour Jacques.
Pour construire son nouveau réseau ferré, l’Ethiopie passe aujourd’hui des accords bilatéraux avec ceux que nous appelons les « émergents » : la Chine mais aussi l’Inde, la Turquie, le Brésil… Après l’échec de la réhabilitation de la ligne historique dont une partie était financée par l’UE dans le cadre du 9e fonds européen de développement, et surtout celui de sa mise en concession, l’État éthiopien a fait le choix de construire un tout nouveau réseau avec des partenaires qui apportent les financements dont il a besoin.
Un grand merci de nous faire partager ces informations. Nous lisons vos messages avec beaucoup d’attention, ils nous apprennent tant de choses.
Ce pays a décidé de se moderniser à marche forcée. Et il le fait. Sur un modèle chinois et avec l’aide de la Chine, de l’Inde, de la Turquie… plutôt que de l’Europe avec ses frilosités, ses conditions et ses experts. A chaque projet grandiose : interconnexions électriques, grands barrages, voies ferrées, etc. chacun se récrie et estime le défi impossible à relever. Et l’Ethiopie le fait quand même. Voici trois ans, le projet de réseau ferré soulevait bien des sourires ! Fascinant à observer.
Merci, cher Hugues de ces précisions. Il nous reste à espérer que le corridor sur Berbera pourra se réaliser et marquer ainsi une humble présence de l’Europe ! Berbera et le port maintenant ensablé de Zeïla étaient, pendant la deuxième guerre mondiale au moment du blocus vichyste de Djibouti l’exutoire unique pour les exportations et les importations, notamment de carburant. Mon père a écrit quelques pages sur cette opération dans ses mémoires (pp. 270 et seq.).
À lire un article très bien documenté de Vincent Defait dans L’Humanité : http://www.humanite.fr/monde/addis-abeba-le-xxie-siecle-train-d-enfer-555580
Le groupe China First Highway Engineering Co. Ltd (CFHEC), qui est une filiale du conglomérat China Communications Construction Company (CCCC) dont il est question plus haut, a remporté un contrat de 1,5 milliard de birrs (78 millions de dollars environ) auprès de l’Autorité éthiopienne des routes (ERA) pour la réhabilitation de la route Dessie-Kutaber-Tenta. Il a déjà réalisé plusieurs infrastructures routières en Ethiopie, dont l’autoroute Addis-Abeba-Adama. Source