Alfred Ilg (30 mars 1854 – 7 janvier 1916)
30 mars 2015Alfred Ilg naît le 30 mars 1854 à Frauenfeld, dans le canton de Thurgau, près Zurich. Après des études de mécanique à l’École Polytechnique de Zurich, il travaille deux années chez Marquardt à Berne avant de répondre à l’invitation du roi du Choa, qui cherche à recruter des techniciens pour moderniser l’Éthiopie. Accompagné de deux compatriotes, Zimmermann et Appenzeller, Ilg prend le bateau pour Aden où il arrive en mai 1878. Il a vingt-quatre ans ; il ne sait pas qu’il séjournera vingt-huit ans en Afrique.
Après avoir été retenus quatre mois à Zeila, les trois compagnons n’atteindront Ankober, alors capitale du Choa, qu’au début de l’année 1879. Ilg s’en souviendra lorsqu’il cherchera à convaincre Ménélik, à l’instar de plusieurs négociants et aventuriers français, de construire un chemin de fer pour relier la capitale à la mer.
C’est à Ilg que le roi accorde en mars 1894 une concession pour créer la Compagnie impériale des chemins de fer d’Ethiopie. Associé à Léon Chefneux, l’ingénieur suisse s’engage dans l’aventure avec toute l’énergie dont il est capable. Auparavant, Ilg a construit le palais du roi à Entotto, les églises Maryam et Raguel, plusieurs ponts : à Akaki et sur l’Aouache, projeté et réussi la réalisation d’une manufacture de cartouches près d’Ankober, puis supervisé le déménagement de la capitale dans la nouvelle ville d’Addis Abeba…
Après avoir dénoncé la supercherie de l’article XVII du traité d’Ucciali, Ilg gagne la confiance du souverain qui le charge, lui qui parle et écrit l’amharique, le français, l’anglais, l’allemand et l’italien, de missions diplomatiques et de sa correspondance politique.
Ilg jouera un rôle important dans les négociations qui s’engagent avec l’Italie à la suite de la bataille d’Adoua (Bairu Tafla). En mars 1897, il reçoit le titre de Bitwedded (le Bien-aimé du Roi) et se voit confier les fonctions de Conseiller d’État.
En février 1887, Ilg a rencontré Arthur Rimbaud à Entotto. Il lui apporte tout son soutien dans ses démêlés avec « les prétendus créanciers de Pierre Labatut » (Jean Voellmy). Il le revoit à Aden et séjourne chez lui à Harar un mois et demi au début de l’année 1889. Un échange de trente cinq lettres entre1888 et 1891 (publié par l’universitaire bâlois Jean Voellmy en 1965) témoigne du respect mutuel et de la complicité qui existaient entre les deux hommes, nés la même année, qui avaient choisi tous deux de s’établir en Abyssinie.
Ilg est aussi photographe. Il photographie la construction du chemin de fer, comme je l’ai montré dans Un Train en Afrique. Jusqu’à l’arrivée de la première locomotive, La Brave, en décembre 1902 dans la gare de Diré-Daoua encore en chantier.
Il photographie le roi entouré de sa famille dans l’intimité de sa maison. Il documente la naissance de la nouvelle capitale Addis Abeba et la construction de bâtiments dont il est chargé par le souverain. Il enregistre les grands événements : parades militaires, fêtes, banquets, courses hippiques… Il garde la trace du passage de personnalités, photographie sa famille, son personnel domestique, des marchands… Un millier d’originaux sont conservés au musée d’ethnographie de l’Université de Zurich. Ilg a rapporté également d’Éthiopie une collection d’objets ethnographiques qu’il présente dans plusieurs villes de Suisse en 1891 et 1892. Le musée de Zurich a organisé en 2004, pour le cent-cinquantenaire de sa naissance, une importante exposition de cette collection qu’il conserve dans ses murs.
En 1906, Ilg est rentré à Zurich pour des congés. Il est témoin de l’entente qui se noue dans le dos du souverain éthiopien entre la France, la Grande-Bretagne et l’Italie (l’« Arrangement concernant les chemins de fer en Abyssinie entre la France, la Grande-Bretagne et l’Italie » du 13 décembre 1906). Il est en butte aussi aux jalousies que son influence auprès du roi n’a pas manqué de susciter tandis que l’état de santé du monarque commence de se dégrader. Il a d’ailleurs perdu beaucoup de la faveur royale dans les atermoiements de la construction du deuxième tronçon du chemin de fer. En octobre 1907, répondant à Ménélik II qui lui donne l’ordre par télégramme de rentrer à Addis Abeba, il envoie au roi sa démission de ses fonctions de Conseiller d’État. Il ne retournera jamais en Éthiopie. Alfred Ilg meurt d’une crise cardiaque à Zurich le 7 janvier 1916.
En 1918, Conrad Keller fait paraître aux éditions Verlag von Huber & Co, à Frauenfeld et Leipzig, une biographie de son ami.
Betwedded
titre honorifique octroyé par l’Empereur à une personne dont il a une très grande estime.
cela peut se traduire par bien aimé du Roi plus difficilement favori.
Titre plutôt rare pour un farenj (étranger blanc).
A ma connaissance deux autres farenj ont eu cet honneur.
Le Comte Nicolas Léontieef ancien officier cosaque de la Garde Impériale du Tsar qui devient Dedjaz soit Général et gouverneur de la Province de l’Illubabor qui est à la frontière avec le Soudan.
Léonce Lagarde Gouverneur de Djibouti puis Ministre près de l’Empereur Ménélk qui devint Duc d’Entotto.
Côté éthiopien betwedded a été beaucoup plus mentionné.
Ras Tessema premier ministre de Ménélik puis Régent de Lidj Yassou l’a été.
Le deuxième mari de la Princessce Tenagne Worq fille d’Hailé Sélassié le Ras Andargatcheou Massai l’a été aussi.
Je possède une lettre avec le titre de Betwedded accompagné d’une lettre manuscrite de la Princesse Tenagne Worq
Merci, Serge, pour ces précisions intéressantes.
Bonjour je viens d apprendre qu Alfred Ilg était mon arrière-arrière grand-père est ce que vous savez qqch sur sa vie familial avant son départ en Afrique?
En vous remerciant,
Melinda
Bonjour
Je vous écris en mp.
HF