Jean Adolphe Michel -1
29 juin 2014Réagissant à la publication de Ménélik II, une question de confiance, Serge Magallon m’envoie cette carte de Jean Adolphe Michel, un fort curieux personnage appelé par Alfred Ilg en octobre 1901 pour remplacer un des trois Suisses précédemment embauchés (par le même et Chefneux) afin de constituer le personnel du premier service postal éthiopien. Ce malheureux Spitzer était mort en effet d’une insolation en traversant le Tchertcher, lors de son voyage vers la capitale. Michel, qui sera affecté en mars 1902 à la Poste de Harar, publiera de 1904 à 1931 quatre séries de cartes postales dans lesquelles il reproduit les photographies qu’il a prises de grands personnages, de paysages, de trophées de chasse… 1
Ce portrait de Ménélik est évidemment un détail de la photographie publiée dans la presse française (voir notre billet : une occurrence au moins repérée en 1909). La qualité d’impression de la carte permet de distinguer les traits du visage royal. L’image paraît avoir été retouchée, la main en particulier.
Jean Adolphe Michel serait-il l’auteur de cette photographie, s’interroge Serge. Il m’envoie également cette carte de Lidj Yassou, le successeur de Ménélik, issue de la même série. On remarquera que les légendes, dans les deux cartes, donnent les dates de règne des deux souverains (et non de vie). Michel prenant le parti de choisir 1913 pour la fin du règne de Ménélik.
Dans l’ouvrage d’Estelle Sohier, Portraits controversés d’un prince éthiopien, Iyasu 1897-1935, une photographie ressemble fortement à celle-ci. Cependant, la légende dit : Séance photo : Wäsän Säggäd en costume de guerrier. Addis-Abeba, entre 1900 et 1905, attribué à Secondo Bertolani. Copie, date de tirage inconnue — épreuve sur papier, 170 X 120 mm. © IsIAO, Rome. Coll. Bertolani, 19/A. Personalità e Tipi – Capi : X – Ragazzi e bambini, n° 5. L’angle de prise de vue permet de dissimuler en partie le handicap du prince.
Serge fait observer que la première photographie (chronologiquement) est prise dans un « studio » devant un drap de fond tandis que la deuxième, sur un tapis différent, est faite sous la galerie d’une église ronde. D’autre part, de légères différences sont visibles dans les pantalons, la coiffe et, me semble-t-il, le bouclier.
Wässän, décède précocement à l’âge de 23 ans, en mars 1908. Yassou, alors âgé de onze ans, devient le successeur annoncé de Ménélik (Sohier, 2011).
La similitude entre les deux portraits est saisissante : ressemblance physique entre les deux demi-frères, ressemblance surtout de la mise en scène du portrait : même pose, mêmes vêtements, mêmes accessoires.
Serge précise que ces cartes sont une production de Jean Adolphe Michel datant de 1931 : c’est la date d’émission du cachet, soigneusement apposé le 22 février 1931, marqué en français et en amharique : Addis Abeba 2. Michel imprime là un dernier ensemble de trois séries de cartes postales sous le titre « Collection Michel — Addis Ababa » (voir le verso ci-dessus), reprenant de nombreuses cartes déjà publiées.
Est-il l’auteur de ces portraits ou reprend-il, sans les nommer, les clichés d’autres photographes, comment cela se fait à l’époque ? Michel semblait très bien connaître Yassou. Dans le Menelik’s Journal d’octobre/décembre 2008 (qui est presque entièrement consacré à JA Michel), Ulf Lindahl écrit que Yassou agissait comme un parrain pour le second fil de Michel, Pierre (né le 12 mars 1916), lequel portait comme second prénom le nom du prince. Ulf reproduit de surcroît une photographie de JA Michel montrant Yassou et Tafari Makonnen.
- Information communiquée par Serge Magallon, d’après Roberto Sciaky. ↩
- Serge me précise que la mention du mois est affichée en chiffres romains. ↩
Qui était Jean Adolphe Michel ? Le personnage et sa vie sont trop insolites pour être abordés brièvement ici. Nous en parlerons dans un prochain billet.
Merci infiniment à Serge pour sa contribution.
À suivre.
Merci pour tous ces échanges passionnants autour de Ménélik, Lidj Yassou et les différents photographes Une autre façon de lire l’histoire de ce pays fascinant. Serge M. semble avoir une collection remarquable de cartes et timbres d’Ethiopie, d’autant plus rares que l’on n’en voit pas en France (ou peut-être chez des spécialistes).
Bonjour Catherine. Regarder l’Histoire à travers la presse ou les productions dites populaires, comme les cartes postales, la musique ou les chants, est très riche de découvertes. Serge Magallon, mais aussi Francis Falceto, fidèles lecteurs de ce journal, en sont d’ardents défenseurs et détiennent des collections et des sommes d’informations considérables. Je saisis ici l’occasion pour les remercier de leurs fréquents commentaires et de leurs contributions.
Bonjour, je suis en train de faire des recherches sur mon arbre généalogique, et je tombe sur votre site.. je suis l’arrière petite fille de Jean Adolphe Michel…
Pourriez vous m’envoyer les infos que vous avez le concernant?
bien cordialement,
Stéphanie Michel
Bonjour, la coïncidence est étonnante : au moment où vous m’écrivez, je suis en correspondance, grâce à Ulf Lindahl, avec Judy Swink (San Diego, California) également liée à Jean Adolphe Michel. Je vous écris en privé.
Greetings, my understanding of French is very limited so I don’t really know what has been comminicated before. I know Michel from my research on Hungarian-Ethiopian relations. According to my sources (in Hungarian) Michel was the postmaster of Harar. Apart from what you may already know from French and English sources, it seems that Michel had a lover (wife?) of Hungarian origin. The lady is called Mme Duschka (or Douchka in French). She is told sometimes to be a spy, running a hotel/casino in Harar, and having domesticated lions around her house. She is usually described as a blond lady. According to one novel (but seemingly based on historical facts, also in Hungarian), Ras Makonnen fell in love with her. The author of this novel is Count Janos (Johann) Königsegg, who lived in Ethiopia approx. between 1896 and 1910. Anyone has more info about Mme Duschka?
Thank you, dear Balazs, for this. Yes I have read about this Hungarian adventuress who was rather a lover than a wife of Michel, I think. I didn’t know of a love story between her and ras Makonnen. Michel, who was a rather handsome man, if we may judge from photographs, was indeed in charge of the Post Office in Harar before he moved to Addis Ababa. He is a rather curious fellow and could also be descibed as an adventurer. Not a big surprise that both of them got along together. It would be nice to gather enough information to publish a billet about this. Let’s keep posted. Are you doing some studies on Ethiopia ? Regards, HF
Please check this Balazs, published this morning with an additional information given by a common friend, Francis Falceto : http://www.africantrain.org/skinner-in-ethiopia-1903
Bonjour, je suis le petit-fils de Jean-Adolphe Michel, le fils de son fils cadet Alain, et je suis en train de transcrire pour une publication éventuelle les souvenirs d’Abyssinie de mon grand-père.
Bravo et merci pour votre blog.
Jean-Pierre MICHEL
Bonjour Monsieur Michel,
C’est amusant que vous me fassiez signe ce matin : j’étais, suite à la publication du billet sur le Pavillon de la Reine, en train d’examiner les deux séries de cartes postales : « Addis Ababa » et « Souvenir de l’Abyssinie », qui me semblent être une production de Jean-Adolphe Michel.
Merci pour ce blog qui me évoque mon arrière grand-père (je suis la petite fille de Pierre, évoqué dans le texte) et donc la cousine de Stéphanie…que je ne connais pas ! Je rêve de me rendre un jour- bientôt- en Ethiopie… Nous avons, en famille, quelques photos et objets de cette période : ils nous ont « bercés » durant notre enfance !
Ravi de ce contact que nous pourrons poursuivre en privé, si vous le souhaitez. Cordialement, Hugues Fontaine
D’accord! Aurélie (mon mail : aureliemichel1604@gmail.com)
Jesuis l’arriere petite fille de Jean-Adolphe Michel. Je reside en Suisse. Je possede une importance collection de photos de mon arriere grand Pete en Abyssinie.