La gare du Harrar
31 octobre 2013Deux versions d’une carte postale, dont une colorisée, qui montre le train en gare de Djibouti. La carte est particulièrement intéressante pour sa légende : DJIBOUTI. La gare du Harrar (Compagnie impériale éthiopienne). Ce qui correspond à l’état initial du projet de la ligne selon la concession accordée à Alfred Ilg par Ménélik II (le 9 mars 1894). Le premier tronçon était censé relier Djibouti au Harar1 (La gare du Harrar est bien sûr à lire : la gare du train allant au Harar). Le point terminus de la deuxième section est alors Entotto2 et le Nil Blanc, l’aboutissement de la ligne. L’intérêt de Ménélik au Harrar est ancien ; il date de bien avant qu’il ne devienne empereur et se matérialise dans sa stratégie de conquête (la province est prise en janvier 1884).
Une autre interprétation de la légende pourrait être : Harrar comme Addis Harar, « La nouvelle Harar », nom donné au terminus alors de la ligne, qui deviendra Diré-Daoua, lorsqu’il est décidé de renoncer à gravir l’escarpement qui protège, comme une forteresse naturelle, la ville caravanière. Il faudrait, pour pouvoir répondre à cette question, connaître la date de prise de vue de la photographie. Nous ne disposons que des deux cachets d’oblitération : 3 juin et 13 novembre 1904, à Djibouti, Côte française des Somalis. L’exploitation de la ligne a été ouverte au km 200 le 1er août 1902, au km 247 le 20 octobre, au km 277 le 24 décembre et le 31 décembre au km 310, c’est-à-dire à Diré-Daoua3.
Autre élément important de la légende : le nom de Compagnie impériale éthiopienne, version abrégée de Compagnie impériale des chemins de fer éthiopiens (CIE), qui est le nom que prend la société d’exploitation du chemin de fer concédé par Ménélik. Cette compagnie ferroviaire est créée à Paris par Alfred Ilg et Léon Chefneux. Les statuts en sont déposés le 7 août 1896 chez Maître Rey, notaire à Paris. Elle sera liquidée en 1908. La Régie Provisoire prendra en charge l’exploitation avant que soit constituée la nouvelle compagnie ferroviaire qui s’appellera Compagnie des Chemins de fer Franco-Éthiopiens4.
Absolument passionnant ! Hugues, faudra refaire un livre ‘Un Train en Afrique’ avec ces trésors glanés… Bravo !
Bonjour Jacques, peut-être une publication numérique… J’y réfléchis.
Et oui les événements de Fachoda (retrait des maigres troupes du capitaine Marchand en décembre 1908 devant les 20 000 soldats de Lord Kitchener) et la nouvelle compagnie du chemin de fer auront raison de la ligne Addis Abeba – Nil Blanc. Les Anglais vont administrer l’enclave de Gambela jusque dans les années 1950. Les richesses des provinces de l’Illubabor et du Kaffa promises à Ménélik et destinées à transiter par Djibouti seront embarquées dans des vapeurs qui en bonne saison feront le trajet Gambela – Khartoum.
Chapeau Hugues et les historiens cartophiles !