L’accident du Granville – Paris
8 juillet 2013L’ouverture de la ligne de chemin de fer Paris – Granville le 3 juillet 1870 fait de la station balnéaire une destination idéale pour les Parisiens. C’est à n’en pas douter par le train que la famille Marchand s’est rendue à Granville à l’été 1908 pour prendre les bains, et qu’elle s’est fait photographier par Louis Moulin sur la grève devant la falaise (voir le troisième épisode de notre feuilleton estival).
Cette ligne des Chemins de fer de l’Ouest est célèbre pour l’accident de train survenu le 22 octobre 1895 à la gare Montparnasse.
Le Petit Journal du 3 novembre relate ainsi l’évènement :
« Un extraordinaire accident s’est produit il y a quelques jours. Un train express entre à toute vapeur dans la gare Montparnasse, brise les buttoirs et la locomotive s’en vient tomber de la hauteur d’un deuxième étage en pleine rue de Rennes. Il pleut des locomotives. Par malheur une pauvre femme a été écrasée, sans quoi le fait serait simplement comique. La Compagnie a ramassé sa vagabonde machine, elle réparera l’énorme mur éventré, on remettra les vitres cassées et tout sera dit. Comment cela s’est-il fait ? Le mécanicien avait du retard, il a forcé la vapeur si fort qu’il n’en a plus été maître, les freins n’ont point obéi, si ce n’est au moment de la chute, où ils ont empêché les voitures de suivre le mouvement par leur action automatique. Quant aux buttoirs, au gros mur, il est extrêmement heureux qu’ils aient cédé, sans quoi le train, par réaction, aurait telescopé ; les wagons seraient entrés les uns dans les autres et il y aurait eu une belle purée de voyageurs, tandis qu’en fait d’accidents sur la voie on ne parle que de la dent cassée d’une femme de chambre. C’est égal, cette locomotive emballée n’a point causé un incident vulgaire et son escapade aura été l’un des événements les plus extraordinaires dont on ait conservé la mémoire. »
Voir aussi L’illustration du 26 octobre.
Cette image est une des plus célèbres de l’iconographie parisienne. Elle sera largement diffusée sous forme d’affiches et de cartes postales. Le Musée d’Orsay détient une des photographies de ce spectaculaire accident ferroviaire prise par L Mercier, dont l’atelier était situé 27 rue de Ponthieu. La notice explique pourquoi il existe plusieurs témoignages photographiques de cet évènement :
« Pendant plusieurs jours, les badauds se pressent autour de la locomotive échouée au milieu de la ville. Parmi eux beaucoup de photographes, professionnels ou non. Ils trouvent là une occasion rare de prouver grâce à leur appareil que la réalité dépasse parfois la fiction. » Source : Musée d’Orsay, voir l’épreuve du musée d’Orsay et la notice.