Walery 2
24 mai 2014Suite de notre feuilleton Walery. Rappel : À la mort de Walery en 1890, son fils Stanislaw Julian Ignacy, Comte Ostrorog lui succède dans le studio réputé du 164 Regent Street, et poursuit le travail de son père sous le même pseudonyme.
Entre 1890 et 1898, il s’associe avec le photographe Alfred Ellis (connu pour ses photographies de pièces de théâtre parfois recomposées en studio) et crée la maison Alfred Ellis & Walery, au 51 Baker Street, (l’adresse du 20 Upper Baker Street est celle du studio précédent d’Ellis).
Ensuite, Stanislaw Julian aurait quitté Londres en 1900 pour s’installer à Paris et ouvrir un nouveau studio de photographie, rue de Irondres [sic]. C’est du moins ce qu’on lit sur le site de la National Gallery : [he] began to specialize in the showgirls of Folies Bergere and subjects such as Mata Hari. His portraits of Josephine Baker are particularly celebrated and one from 1926 was recently included in the American National Portrait Gallery’s book and exhibition « Women of Our Time » (2002). Je trouve des carte marquées au 9 bis rue de Londres, l’adresse de l’établissement parisien du père dans les années 1870, représentant notamment des actrices ou des nus voilés, avec au dos la mention d’une médaille de Bon Goût à Vienne en 1873, de mérite à Philadelphie en 1876, d’or à Paris en 1878… pedigree de la maison Walery depuis sa création (ce que nous avions vu sur les cartes datant des années 1870),
Je trouve aussi des cartes postales aux sujets mièvres portant la même signature Walery avec un W majuscule dont la diagonale finale se poursuit au-dessus du nom, comme sur les cartes au format Cabinet.
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Sur un site dont l’auteur paraît bien informé, on apprend que le Comte Ostrorog junior aurait eu une vie bien remplie, alternant aventures et sens des responsabilités filiales (ou des affaires) : Ignacy or Count Ostrorog, known as Walery, was born in 1863, the first two children, to Stanislaw Julian Ostroróg and his wife, Waleria Teodozja Gwozdecka. Although he was born in England, but his early youth was spent in Poland learning his native tongue of Polish. His father, a successful photographer in England, adopted the pseudonym name of Walery taking it from his wife’s first name, Waleria. The son then followed adopting the same name for his professional work. In 1871, during the Commune, the young Walery was sent to Paris to study. Afterwards he returned to Woolwich where he obtained a commission in the Royal Artillery. It was his father’s intention that he remain in the Royal Artillery but Walery could not bear the idea of his father struggling in his business so he resigned from the army. The next two years were spent studying under an eminent chemist in Paris, learning all the technicalities of portraiture as well as every other branch of photography. He returned to England to join his father in his photography business. Success awarded his father’s efforts and Walery found his help was not needed in the business so he accepted the proposal of a friend and went to Mexico for a year, helping in the construction of a railway and the opening of a colony. The next few years Walery spent with his camera and surveying instruments traveling South Africa, Natal, and Zululand. He returned to England in 1890, upon the death of his father, taking over management of the photography business on Regent Street, London. From 1890-1900, Walery worked with Albert Ellis on Baker Street in London producing portraits of the most famous society people of London including the Royal family. For four years, from 1890-1894, he also worked to develop a photogravure process for the reproductions of art, although this effort did not mature. Stanislaw Julian Ignacy, Count Ostrorog, Walery died in 1935.
Toutefois, d’une production photographique parisienne, il n’est ici nullement question. Sur le site du Musée d’Orsay, qui conserve 72 œuvres de Walery junior, sont indiqués les lieux où l’artiste a exercé : Mexico, Mexique ; l’Afrique du Sud vers 1885 ; Londres entre 1890 et 1900.
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Reflet de ce problème d’identification des productions signées Walery, on trouve pêle-mêle sur le site Gallica de la Bnf des images fort différentes : des portraits faits pour la Société de Géographie à une affiche de la Revue des Folies-Bergères ou du champion du monde de lutte Ivan Paddoubny, en passant par un portrait de Jules Diaz de Soria fait à Conduit Street. Gallica renvoie aussi à de nombreux portraits dans la banque d’images de la Bibliothèque interuniversitaire de Santé.
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Particulièrement intéressant en ce qu’il témoigne de l’usage des cartes portraits : un album ayant appartenu à Édouard Manet (date d’édition : 1860-1883) où figurent des photographies de Walery-père.
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Je trouve par ailleurs, en bas de portraits, comme d’une autre veine, la signature Walery – Paris : ainsi que celle-ci, apposée sur le côté illustré de cartes portraits ou de cartes postales :
Cette signature, c’est bien celle qui orne la carte de Ménélik, point de départ de notre enquête.
Je trouve aussi des cartes avec la simple mention « cliché Walery » :
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Enfin, il faut signaler un album de nus, connu des bibliophiles, paru en 1924 sous le nom de Laryew, anagramme de Walery, à la Librairie des Arts Décoratifs, A. Calavas, 66 rue Lafayette, Paris (330x255mm, 4 pages et 100 planches en similigravure imprimées en sépia, sous portefeuille titré de l’éditeur).
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Bref, la production de Walery junior semble avoir pris d’autres voies que celles de l’illustre père, en particulier pour ce qui concerne la période française. Il y a du reste un certain flou autour des signatures des images de nus (usage des pseudo Laryew et Yrélaw), d’autant qu’une controverse existe bien quant à l’identité du Walery parisien. Mais de cela, nous parlerons dans un prochain billet.
À suivre.
J’ai entre mes mains un bromure 24×30 cm représentant deux hommes travestis, artistes de music-hall, dont les vêtements évoquent les années 1930. Le tampon indique: Photographie Waléry 9 bis, rue de Londres, Paris.
Le document provient d’un lot abandonné après déménagement dans un appartement du 15 rue Saint-Vincent, Paris 18e. Les lieux étaient occupés antérieurement par Pierre Santini, directeur du Tabarin, puis par Monsieur Leroy, impresario.
La photographie en question est à rapprocher de la couverture d’artistes des Folies Bergères que vous évoquez dans votre article.
Si cette information peut vous aider à débrouiller la généalogie des photographes Waléry.
Bien cordialement
Dominique Renaux
Bonjour Monsieur Renaux, je vous remercie pour cette information détaillée. Voudriez-vous m’en envoyer un scan ? Je pourrais l’ajouter en illustration à votre commentaire. Bien à vous.