Étrennes de 1890
22 décembre 2014Le Supplément littéraire illustré du Gaulois publiait le 22 décembre 1890 une Revue des nouvelles publications illustrées de la Librairie Hachette et Cie comprenant un article qui reproduisait le portrait de Ménélik entouré de ses généraux, lequel avait été publié dans Voyage au Choa, Abyssinie méridionale : 1884-1888 de Henry Audon.
Il s’agissait des livraisons n° 1494, 1495 et 1496 du 2e semestre 1889 du Tour du Monde : nouveau journal des voyages, publié sous la direction de M. Édouard Charton (1807-1890) et illustré par nos plus célèbres artistes (6 pages par livraisons, format 23 x 31 cm, éditeur : Hachette, Paris, 1860-1914).
Le Gaulois avait choisi d’illustrer son article de la gravure légendée : Ménélik et ses généraux. Dessin d’E Ronjat, d’après une photographie de M Hénon.
On consultera l’ouvrage d’Estelle Sohier, Le Roi des rois et la photographie. Politiques de l’image et pouvoir royal en Éthiopie sous le règne de Ménélik II, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, qui offre une rare reproduction d’un tirage photographique (quand la plupart des versions connues de cette image et notamment présentées ci-dessous sont des gravures, ce qu’explique la date de leur publication) et une analyse de cette image qui figure un roi plutôt jeune, représenté devant une tente, entouré de ses généraux : « A. Hénon donne à voir un groupe de chefs militaires organisé et structuré autour du roi, un pouvoir itinérant, offensif et triomphant » (p. 28).
Pour mémoire et par comparaison, on revisitera cette page où le roi est également photographié devant une tente, entouré de jeunes gens en tenue d’apparat.
Cette image donc, sous sa forme gravée, a beaucoup été reprise dans la presse française, italienne, anglaise, comme en témoignent ces pages.
Dans certains cas, l’image est inversée (il est en réalité assez difficile sans disposer du négatif de savoir quel est le bons sens) ou colorisée, modifiée avec une certaine liberté et replacée, comme dans le Supplément illustré du Petit Journal, dans un décor imaginaire.
On constate aussi qu’il en existe au moins une variante, avec un point et un angle de vue légèrement différents.
Le cliché peut être attribué, comme cela est assez fréquent à l’époque, à un autre photographe comme ici, dans cette publication italienne (vraisemblalement l’édition italienne de L’Illustration) dans laquelle le docteur Leopoldo Traversi est crédité de la photographie.
On trouve d’ailleurs un remploi de cette gravure (mais je n’ai pas eu cette édition italienne de 1961 entre les mains pour vérifier si elle était attribuée à Traversi) en couverture d’une édition du Continente Nero de l’explorateur et journaliste Augusto Franzoj.
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Je parlerai ailleurs de ce curieux personnage qu’est le sous-lieutenant de cavalerie Alphonse Louis Hénon, auteur de cette photographie et de ce qui est à mon avis le plus beau portrait photographique connu du roi.
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Je signale donc en prévision des étrennes – et vous souhaitant de très belles fêtes de Noël et de Nouvelle année – la parution à New York aux éditions Assouline d’un luxueux « beau livre » : Ethiopian highlands de Lizy Manola (ISBN: 9781614282969 – 31 x 39 cm , 220 pages | 125 illustrations) dans lequel on trouve un article d’Estelle Sohier, illustré de photographies : « Encounters at Dawn. Portraits of the Ethiopian Highlands », p. 10-16.
Mes très chaleureux vœux pour de belles fêtes, cher Hugues, et une super belle année ensuite ! Merci pour tout ce travail sur un pays qui nous est cher. Les habillements des généraux de Ménélik sont différents et il serait intéressant d’en savoir plus. je vais essayer avec mes amis éthiopiens. Très amicalement – Jacques
Merci Jacques. À vous aussi, de chaleureuses fêtes et une nouvelle année emplie de satisfactions et de projets.
C’est une bonne idée !
Hugues