Spido Gaumont 9×12
25 juillet 2013Cette carte d’Alexandre Marchand, postée de Mongtzé le 15 octobre 1906, est extrêmement intéressante à plus d’un titre. Signalons tout d’abord que c’est la seule à ne pas contenir d’image. Alexandre explique – et cette nouvelle est censée satisfaire la curiosité de son ami François – qu’il utilise un nouveau type de carte sur un « beau papier » « avec un côté réservé pour la réponse du destinataire ». Nous y reviendrons dans la chronologie de la correspondance chinoise entre Alexandre et François, dont je commencerai la publication bientôt. Pour l’heure, je retiens deux informations. La première, qu’Alexandre utilise un appareil Spido de la marque Gaumont (Paris). Le deuxième, qu’il lui reste à traiter onze douzaine de photographies prises lors de son voyage. « Bien du plaisir !!! » ajoute-t-il.
Dans un précédent billet, j’essayais d’identifier (à partir du format et de l’aspect des tirages) l’appareil photographique qu’Alexandre pouvait avoir utilisé pendant ses années en Chine. Voici que cette demande d’une « peinture émail noire, solide, séchant vite, imperméable, dure et résistante, en un mot remplaçant la peinture au four » pour faire une retouche sur certaines parties métalliques de son appareil, nous permet d’apprendre qu’il s’agit d’un Spido récupéré à Singapore (nous verrons cela dans un prochain billet à propos d’une autre carte). Je n’étais donc pas très loin de la vérité en pensant aux chambres folding Gaumont.
Le Spido, qui se décline en deux modèles, le Spido et le Spido Universel, est fabriqué à partir de 1898. Qualifié de « jumelle monoculaire », il est en bois gainé maroquin. On pouvait pratiquer des décentrements verticaux et horizontaux. Source.
Renseignement particulièrement intéressant donné par Sylvain Halgand sur la page du site www.collection-appareils.fr dont j’extrais ces excellentes images : L’appareil qui reçoit normalement un magasin de 12 plaques est ici équipé d’un châssis à rouleaux pour pellicule de 9 cm de large. Source.
À noter donc l’existence chez Gaumont pour l’appareil Spido d’un magasin à escamotage pour douze plaques, avec compteur automatique, qui équipait normalement ces modèles et permettait de changer rapidement la plaque à impressionner (les châssis-magasins Elgé à répétition) ou bien d’un adaptateur (Premo pour pellicules Film Pack). Ci-dessous deux modèles de châssis escamotables (ce ne sont pas des Gaumont).
Plaque de verre ou film souple, Alexandre était donc en mesure de prendre rapidement plusieurs vues de suite comme il le fait sur le quai de la gare de Diré-Daoua quand il photographie la visite du ras Tafari.
Ce qui nous amène à la deuxième observation : « Pas encore développé photos prises en cours de route, commencé hier seulement ! reste 11 douzaines à traiter !! Marchand développait lui-même ses photographies (ce qui n’a rien de surprenant). Il comptait par douzaines, ce qui confirme qu’il employait bien ce genre de châssis. En 1906, en revenant au Yunnan après un congé, il a pris plus de 132 vues « en cours de route ». Je n’en connais que quelques unes, pas plus de quatre, que je reproduirai ici prochainement.
Le Gaumont Spido Universel se différencie quant à lui du modèle précédent par son double obturateur. Il possède un obturateur Decaux monté à l’avant pour les poses courtes et les instantanés jusqu’au 1/100e de seconde et un obturateur de plaques à vitesses réglables extérieurement, donnant les instantanés jusqu’au 1/1000e de seconde. Source.
Deuxième feuilleton de l’été 2013, après l’enquête sur Marchand-père, je commencerai bientôt la publication dans l’ordre chronologique de la correspondance envoyée par Alexandre Marchand à François Crucière depuis la Chine ou à l’occasion de ses déplacements.