Au Familistère Godin, à Guise, douze nouvelles salles viennent d’être inaugurées, ce qui clôt le programme de muséographie. La journée était ensoleillée ; la cour du pavillon central baignait dans la lumière dispensée par l’immense toiture de verre rénovée. Au troisième étage, le visiteur découvrait un appartement transformé par un geste simple et fort des architectes Béatrice Jullien et Catherine Frenak (à l’instar de la coupe grandeur nature), et enchanté par le programme des fabriques de l’utopie.
Sous une voûte constellée, le visiteur est invité à manipuler une mappemonde électronique pour voyager parmi les points du monde où s’expérimentèrent au XIXe siècle des projets de communautés harmonieuses et équitables. Leurs noms déjà nous projettent dans ces rêves de cités idéales : New Harmony (Posey County, Indiana, 1825), La Citadella (Stagno Lombardo, Cremona, 1887), Reunion (Dallas, Texas, 1854)…
Dans une vitrine, une soixantaine d’objets aiguisent aussi à leur façon l’imagination, par le truchement d’un registre joliment conçu et imprimé qui leur associe une photographie et un petit texte. Ainsi la coopérative de Topolobampo au Mexique (État de Sinaloa, 1896–1900) est-elle figurée par un niveau dit en Y, Wye level, utilisé par les ingénieurs topographes du chemin de fer, pour évoquer quelques épisodes de la vie de son fondateur, Albert Kimsey Owen.
Curieux personnage que ce Baeteman photographié ici avec son chien Tambour et ses catéchistes. Nous en avions déjà parlé (ici, ici, et là) à propos de quelques autres photographies où ce père lazariste se met en scène. Francis Falceto m’écrivait qu’il dispose d’un fonds important de documents le concernant. Serge Magallon m’annonce qu’il compte lui consacrer sa prochaine exposition sur le thème Baeteman : missionnaire reporter. Serge est à la recherche d’informations qui lui permettraient de dater certaines cartes. Il manque également, me dit-il, de renseignements sur son premier séjour en Éthiopie. Toute contribution est donc bienvenue : je ferai les bons offices.
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Précision envoyée par Francis Falceto : « Beaucoup des CP signées « Cliché JB » sont de Baeteman. Celles signées « J.B., Djibouti » (circa 1910) ne me paraissent pas avoir de rapport avec J. Baeteman. »
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Serge a retrouvé cette photographie reproduite dans les Annales de la propagation de la foi : recueil périodique des lettres des évêques et des missionnaires des missions des deux mondes, et de tous les documents relatifs aux missions et à l’Association de la propagation de la foi. Baeteman y fait le portrait de trois paroissiens, trois « silhouettes », « bien distinctes et bien intéressantes avec lesquelles [il a] vécu et qu'[il] connaît par cœur ».
Suite de notre feuilleton Walery (épisodes précédents : Walery 1 et Walery 2)
Il existe un nombre considérable de photographies signées Walery – Paris, pour l’essentiel des portraits de femmes de cabaret, de danseuses (Folies Bergères, Moulin Rouge et Casino de Paris…) et de vedettes du music-hall. Parmi ces clichés, des photographies de Joséphine Baker et Mata Hari.
Il existe aussi de nombreuses cartes signées de la même manière que sur notre carte de Ménélik et imprimées par ELD, du nom d’un des plus importants imprimeurs et éditeurs parisiens de cartes postales du début du siècle dernier.
L’éditeur parisien Ernest Louis Désiré le Deley (1859 – 1917) tenait boutique au 127 boulevard Sébastopol, dans le 2e arrondissement de Paris (Grand Comptoir de la CPI – sigle ELD, Éditeur le Deley), et 1 rue Tracy à Paris (sigle ELD, avec comme symbole une ancre de marine traversée par un ruban).
L’entreprise, reprise par ses fils, disparaîtra entre 1925 et 1930.
La maison ELD avait son atelier au 73 rue Claude Bernard.
Elle distribue d’ailleurs de très nombreuses cartes postales de la rue Claude Bernard.
Une carte postale, éditée en plusieurs versions, montre la façade de l’établissement au 73 rue Claude Bernard. On y lit : E. Le Deley. Travaux d’édition. Catalogues artistiques et industriels.
Stationnant devant la façade de l’établissement, un fiacre conduit par Madame Charnière, femme cochère à Paris.
Mais de cela nous parlerons dans un prochain billet.
Suite de notre feuilleton Walery. Rappel : À la mort de Walery en 1890, son fils Stanislaw Julian Ignacy, Comte Ostrorog lui succède dans le studio réputé du 164 Regent Street, et poursuit le travail de son père sous le même pseudonyme.
Portrait de Stanislaw Julian Ignacy.
Portait de Henry Morton Stanley par Walery
Entre 1890 et 1898, il s’associe avec le photographe Alfred Ellis (connu pour ses photographies de pièces de théâtre parfois recomposées en studio) et crée la maison Alfred Ellis & Walery, au 51 Baker Street, (l’adresse du 20 Upper Baker Street est celle du studio précédent d’Ellis).
An autographed portrait of Jan Kubelik, the Czech violinist and composer. Photographed by Alfred Ellis and Walery of 51, Baker Street.
Ensuite, Stanislaw Julian aurait quitté Londres en 1900 pour s’installer à Paris et ouvrir un nouveau studio de photographie, rue de Irondres [sic]. C’est du moins ce qu’on lit sur le site de la National Gallery : [he] began to specialize in the showgirls of Folies Bergere and subjects such as Mata Hari. His portraits of Josephine Baker are particularly celebrated and one from 1926 was recently included in the American National Portrait Gallery’s book and exhibition « Women of Our Time » (2002). Je trouve des carte marquées au 9 bis rue de Londres, l’adresse de l’établissement parisien du père dans les années 1870, représentant notamment des actrices ou des nus voilés, avec au dos la mention d’une médaille de Bon Goût à Vienne en 1873, de mérite à Philadelphie en 1876, d’or à Paris en 1878… pedigree de la maison Walery depuis sa création (ce que nous avions vu sur les cartes datant des années 1870),
Merville Scala, actrice.
Je trouve aussi des cartes postales aux sujets mièvres portant la même signature Walery avec un W majuscule dont la diagonale finale se poursuit au-dessus du nom, comme sur les cartes au format Cabinet.
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Sur un site dont l’auteur paraît bien informé, on apprend que le Comte Ostrorog junior aurait eu une vie bien remplie, alternant aventures et sens des responsabilités filiales (ou des affaires) : Ignacy or Count Ostrorog, known as Walery, was born in 1863, the first two children, to Stanislaw Julian Ostroróg and his wife, Waleria Teodozja Gwozdecka. Although he was born in England, but his early youth was spent in Poland learning his native tongue of Polish. His father, a successful photographer in England, adopted the pseudonym name of Walery taking it from his wife’s first name, Waleria. The son then followed adopting the same name for his professional work. In 1871, during the Commune, the young Walery was sent to Paris to study. Afterwards he returned to Woolwich where he obtained a commission in the Royal Artillery. It was his father’s intention that he remain in the Royal Artillery but Walery could not bear the idea of his father struggling in his business so he resigned from the army. The next two years were spent studying under an eminent chemist in Paris, learning all the technicalities of portraiture as well as every other branch of photography. He returned to England to join his father in his photography business. Success awarded his father’s efforts and Walery found his help was not needed in the business so he accepted the proposal of a friend and went to Mexico for a year, helping in the construction of a railway and the opening of a colony. The next few years Walery spent with his camera and surveying instruments traveling South Africa, Natal, and Zululand. He returned to England in 1890, upon the death of his father, taking over management of the photography business on Regent Street, London. From 1890-1900, Walery worked with Albert Ellis on Baker Street in London producing portraits of the most famous society people of London including the Royal family. For four years, from 1890-1894, he also worked to develop a photogravure process for the reproductions of art, although this effort did not mature. Stanislaw Julian Ignacy, Count Ostrorog, Walery died in 1935.
Toutefois, d’une production photographique parisienne, il n’est ici nullement question. Sur le site du Musée d’Orsay, qui conserve 72 œuvres de Walery junior, sont indiqués les lieux où l’artiste a exercé : Mexico, Mexique ; l’Afrique du Sud vers 1885 ; Londres entre 1890 et 1900.
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Reflet de ce problème d’identification des productions signées Walery, on trouve pêle-mêle sur le site Gallica de la Bnf des images fort différentes : des portraits faits pour la Société de Géographie à une affiche de la Revue des Folies-Bergères ou du champion du monde de lutte Ivan Paddoubny, en passant par un portrait de Jules Diaz de Soria fait à Conduit Street. Gallica renvoie aussi à de nombreux portraits dans la banque d’images de la Bibliothèque interuniversitaire de Santé.
Stephen Heller http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8454294f.r=Wal%C3%A9ry.langFR
La Revue des Folies-Bergère : [portraits de nombreux artistes] : [affiche]/L. Geisler ; photographies Waléry -[s.n.] Affiche L.Geisler aux Chatelles par Raon-l’Etape (Vosges) et Paris, 14bis rue des Minimes (Raon-L’Etape)-1903 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9004219b/f1.item
E. Foa http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10501521j/f1.item
Jules Diaz de Soria http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84172147/f1.item
Charles Lefebure de Fourcy http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105015220/f1.item
Ivan Paddoubny, champion du monde de lutte en 1905, 1906, 1907, 1908. : [affiche]/Cliché Waléry http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90117825/f1.item
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Particulièrement intéressant en ce qu’il témoigne de l’usage des cartes portraits : un album ayant appartenu à Édouard Manet (date d’édition : 1860-1883) où figurent des photographies de Walery-père.
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Je trouve par ailleurs, en bas de portraits, comme d’une autre veine, la signature Walery – Paris : ainsi que celle-ci, apposée sur le côté illustré de cartes portraits ou de cartes postales :
Cette signature, c’est bien celle qui orne la carte de Ménélik, point de départ de notre enquête.
Je trouve aussi des cartes avec la simple mention « cliché Walery » :
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Enfin, il faut signaler un album de nus, connu des bibliophiles, paru en 1924 sous le nom de Laryew, anagramme de Walery, à la Librairie des Arts Décoratifs, A. Calavas, 66 rue Lafayette, Paris (330x255mm, 4 pages et 100 planches en similigravure imprimées en sépia, sous portefeuille titré de l’éditeur).
Paris, Librairie des Arts Décoratifs, A. Calavas, s.d., 100 photographies de nus imprimées sur feuillets libres, en héliogravure sépia, chemise de toile rouge avec deux rubans de fermeture et titre doré sur le plat.
Laryew, « Nus », Paris, Librairie des Arts Décoratifs A. Calavas Editeur.
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Bref, la production de Walery junior semble avoir pris d’autres voies que celles de l’illustre père, en particulier pour ce qui concerne la période française. Il y a du reste un certain flou autour des signatures des images de nus (usage des pseudo Laryew et Yrélaw), d’autant qu’une controverse existe bien quant à l’identité du Walery parisien. Mais de cela, nous parlerons dans un prochain billet.
Un article de Pierre Jacquet dans Le Monde, daté du 22 mai attire l’attention sur le rapport que vient de publier un centre de recherche ghanéen, le Centre africain pour la transformation économique (ACET), qui relativise l’optimisme un peu excessif des analyses fondées uniquement sur le taux de croissance, lesquelles distinguent plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne (Angola, Nigéria, Éthiopie, Tchad, Mozambique, Rwanda) parce que la croissance du produit intérieur brut y exploserait. Leurs auteurs promeuvent plutôt la notion de transformation. « Sans surprise, écrit Pierre Jacquet, le rapport considère que la croissance ne suffit pas à transformer les pays. Il faut lui ajouter la « profondeur », Depth, l’acronyme de diversification, compétitivité des exportations, croissance de la productivité, progrès technologique et amélioration des conditions humaines. Or, même dans les pays considérés comme les plus performants, elle n’est pas forcément présente. »
What is Transformation?
Our report’s main premise is that African economies need more than growth—if they are to transform, they need growth with DEPTH. That is, they need to Diversify their production, make their Exports competitive, increase the Productivity of farms, firms, and government offices, and upgrade theTechnology they use throughout the economy—all to improve Human well-being.
Elle est surtout intéressante pour le verso, m’écrit-il — ce qui fait écho au billet publié hier —, mais le recto non plus ne manque pas d’intérêt.
Envoi de Djibouti à destination de Nossi-Bé, acheminé par l’OXUS, paquebot N° 4 de la ligne V le 14 novembre 1905 et affranchie avec une demi-vignette française à 15 centimes, surchargée du tampon « Affranchissement spécial faute de timbres à 10 cent ». En 1904-1906, on pallia une pénurie de timbres à Madagascar en coupant des vignettes en deux. En octobre 1905, un postier du paquebot-poste OXUS des Messageries Maritimes prétexta un manque subit de timbres-poste. Il établit alors au composteur une griffe sur deux lignes : Port payé/paquebot poste OXUS. Enhardi par ce premier succès, il recommença le mois suivant en coupant en deux des timbres de 15 centimes, semeuse à fond ligné, et se servit de chaque moitié comme timbre à 10 centimes, oblitérant le timbre par le cachet du bord et par une griffe portant : Affranchissement spécial faute de timbres à 10 cent. Il gagnait ainsi 25 % sur chaque affranchissement. Mais tout a une fin et l’ingénieux postier passa devant un conseil de discipline (source : Graouli p. 99). Café de la Paix, Djibouti. LM
Voici la Rhinocéros qui nous revient une nouvelle fois dans cette belle carte reproduite en phototypie par E Lacour à Marseille. Cette fois c’est le verso qui m’intéresse et m’amuse, et particulièrement son adresse, réduite à l’essentiel.
Le timbre manque malheureusement pour savoir où a été postée la carte, peut-être de Djibouti, envoyée dans ce cas par Monsieur Baron à lui-même, le 21 juillet 1904. Le tampon est identique des deux côtés. Ce qui expliquerait alors le caractère succinct de cette adresse.
Mais, sans entrer dans ce degré d’observations minutieuses, il est permis aussi de se dire que quelqu’un a envoyé cette carte à Monsieur Baron à Djibouti, Côte des Somalis, sans préciser davantage l’adresse du destinataire.
L’histoire de Walery est assez rocambolesque. Derrière ce pseudonyme, il y eut deux photographes et même, semble-t-il, trois ! Je ne suis pas sûr d’avoir démêlé entièrement l’écheveau et j’attends de rencontrer bientôt le petit-fils du troisième, mais voici ce que j’ai pu rassembler et cru comprendre.
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Dans Paris-Photographe, revue savante fondée et dirigée par Paul Nadar1, Walery, de son nom Comte Ostrorog2, jouit manifestement de l’estime des rédacteurs. Né « dans la Pologne russe » 3, il est présenté comme une personnalité douée, énergique, infatigable entrepreneur, toujours en mouvement, et pour finir fort appréciée pour sa cordialité et sa bonté. Il a plusieurs talents. « Mais c’est surtout la photographie qui fascinativement l’attire ».
Donc, le Comte Stanislaw Julian Ostrorog (1830-1890), né à Mogileven Lituanie, ouvre un studio de photographie à Marseille, 14 boulevard du Musée, « vers 1864 ».
Puis à Paris, rue de Londres, en 1871.
Studio qu’il revend en 1878 pour s’établir (après un détour par Nice) à Londres au 5 Conduit Street, en mai 1883.
Et plus tard, en 1887, sur Regent Street, au numéro 164. (À noter qu’il s’était déjà installé une première fois à Londres en 1857 et avait obtenu la citoyenneté britannique en 1862.)
Walery devint célèbre notamment après avoir fait en 1886 le portrait de la Reine Victoria à Windsor. The Walery Studio of Regent Street was associated with celebrity and royal portraits. In 1886, Count Stanislaw Ostrorog the elder had photographed Queen Victoria at Windsor and portrait sittings by other members of the Royal Family and the British nobility followed. The studio of Walery had became particularly well-known after the firm of Sampson Low & Co published a series of « Celebrity Portraits » taken at Walery’s Regent Street Studio in the late 1880s. Famous sitters at Walery’s London studio included the composer and conductor Arthur Sullivan (1842-1900), the artistand painter Sir Frederick Leighton (1830-1896), the French chemist and bacteriologist Louis Pasteur (1822-1895) and the actress Sarah Bernhardt (1844-1923). (source)
Ostrorog mourut en 1890, foudroyé par une rupture d’anévrisme.
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Yves Lebrec, conservateur du fonds patrimonial de photographies anciennes de la bibliothèque de Fels de l’Institut catholique de Paris, aujourd’hui à la retraite, homme généralement très bien informé (il m’avait renseigné au sujet du photographe Louis Moulin), écrit : Stanislaw Julian Ostrorog, né en Pologne, acquiert la nationalité britannique par naturalisation du 22 août 1862. Marié à Londres le 4 octobre 1862 à Théodosie Gnozdecka, puis divorcé le 2 décembre 1873, il épouse en secondes noces à Londres, le 21 décembre 1889, Maria Lacroix. Artiste photographe, le comte Ostrorog pratique la daguerréotypie à Warna durant la guerre de Crimée. Il s’établit à Paris vers 1857, puis quitte la capitale pour Marseille, toujours comme photographe (1864-1870). Il exerce à nouveau à Paris à partir de 1871, et prend le pseudonyme de Walery ; il crée la Maison Walery 9 bis, rue de Londres et demeure 9, rue de Londres. Il cède son établissement à Charles Peeters (1879) qui loue les locaux aux photographes Aimé Dupont et Henry Rouen. Tony-Merlet et Félix Chary reprennent la Photographie Walery en 1881. Ostrorog quitte Paris pour Nice en 1879 et fonde une société de photographie dans cette même ville. En 1889, il s’établit à Londres et reprend son activité de photographe jusqu’à sa mort. – Médaille de bon goût unique pour la France. – Intitulé commercial : Photographie WALERY. – Membre SFP 1867-1885 – Voyage Russie, France et Angleterre. – Se fait appeler Ostroga à Menton et Trouville. – Illustrations dans « Le Monde illustré ».
Dos photos : Walery / Photographe/14, Boulevard du Musée/Marseille. ⚛ Walery / 9bis, rue de Londres, 9 bis/Paris/Hôtel privé/Téléphone N° 150.72 / Médailles d’or/Paris 1878 / Amsterdam 1883 / Paris 1889 / Médaille de bon goût/Vienne 1873 / Récompense unique/Diplôme d’honneur hors concours/Exposition de Nice 1884 / Médaille de mérite/Philadelphie 1876 / Photographies à la lumière électrique/Tous les clichés sont conservés. ⚛ Photographie Walery / 14, boulevard du Musée/Marseille/N° 27593 / Tous les clichés sont conservés. ⚛ 9bis, rue de Londres Paris/Photographie/Walery / Mont Plaisant/Dinard/Copyright by Walery Paris / (Reproduction interdite).
À la mort de Walery en 1890, son fils Stanislaw Julian Ignacy, Count Ostrorog (1863-1935) reprend l’atelier de son père, et adopte le même pseudonyme.
Mais de cela nous parlerons dans un prochain billet.
Notes
La revue « Paris-Photographe » fut publiée de 1891 à 1894, sous la direction de Paul Nadar, assisté d’Adrien Lefort comme secrétaire de rédaction. Office général de Photographie, 18,5 x27cm, 12 fascicules brochés par année.↩
D’après le prénom de sa première épouse, Waleria Teodozja Gwozdecka.↩
À l’est de l’actuelle Biélorussie, proche de la frontière russe. Intégrée à l’époque dont nous parlons à l’empire russe, après avoir appartenu à la Pologne-Lituanie au XVIIIe siècle (République des Deux Nations).↩
Voilà un mois que Mme Assimakopoulos nous a quittés.
Yves-Marie Stranger terminait ainsi le chapitre dans lequel il relate dans Un Train en Afrique sa rencontre avec Mme Kiki, au Buffet de la gare désaffectée d’Aouache :
« Comme le train, le Buffet de la Gare, est arrivé à son terminus il y a bien longtemps déjà. Curieusement, c’est assez réconfortant dans un pays où tout change d’un jour à l’autre. Les bâtiments et les routes surgissent quasiment en une nuit. La croissance démographique s’emballe comme un train sans frein. On parle désormais de 5 000 km de voie ferrée qui seraient construits par les Chinois, vers Jimma à l’ouest, vers Gojam au nord, et bien au-delà. Une vénérable Mme Li ou une honorable Mme Ki tiendra-t-elle salon dans cent ans au Buffet de la Gare, racontant des histoires sur l’ancienne et glorieuse voie de chemin de fer, depuis un recoin sombre de l’histoire ? Je ne pose pas cette question saugrenue à Mme Kiki bien sûr, mais je lui souhaite bonne nuit en français, à quoi elle me répond avec sa politesse surannée. Quant à savoir si ses manières impeccables sont grecques ou éthiopiennes – tandis qu’elle me scrute de ses yeux bleu pâle, non sans une pointe d’amitié – je serais bien incapable d’y répondre. Mme Angèle Assimakopoulos, qui a servi l’empereur d’Éthiopie, reste la dernière femme debout sur la plateforme du wagon de queue du franco-éthiopien. Le train, c’est elle désormais. »
« Entre le 6 avril et le 4 juillet 1994, le génocide contre les Tutsi fit plus de 800 000 victimes au Rwanda. Le « paradis édénique » décrit par les premiers colons occidentaux était devenu, en l’espace de cent jours, un « nouvel enfer ». Au carrefour de l’événement médiatique et du temps de la mémoire, la photographie s’est chargée d’interroger ces stéréotypes. Durant le génocide, quelques photojournalistes ont forgé les prémices de l’imagerie du désastre rwandais en parcourant les collines où les morts se comptaient par milliers. Leurs photographies, sujettes aux contresens les plus tenaces, furent très inégalement publiées dans la presse. Après l’événement, l’écart s’est creusé entre les sites de l’extermination métamorphosés en mémoriaux, où les traces du génocide sont encore visibles, et les paysages de collines et de forêts majestueuses où les vestiges de l’histoire demeurent en apparence absents. La photographie s’est alors chargée d’explorer cette dichotomie, entre rhétorique de l’irreprésentable, esthétique documentaire et poétique de l’après. »
Je commence ici une nouvelle série consacrée aux représentations des souverains éthiopiens, qui ont abondé en Europe entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle : images et caricatures publiées dans la presse, cartes postales, chromos…
Sur cette carte, une photographie d’un moulage en plasticine de Ménélik II posé devant une toile peinte de studio le montre entouré de trois symboles : une croix (la foi), un lion (la force) et le chemin de fer, élevé donc au rang d’attribut du souverain.
L’image du roi est probablement inspirée d’une photographie parue dans la presse, peut-être Le Pèlerin du 14 février 1909. On y voit Ménélik « en grand costume », entouré du ras Michaël et de « son petit-fils et héritier », Lij Yassou.
À moins que l’artiste ne se soit inspiré d’une des photographies prises par Alfred Ilg à la fin du XIXe siècle sur lesquelles Ménélik porte la cape royale (kabba lanqa) et une coiffe en crinière de lion (anfarro).
Elisabeth Biasio, dans son excellent ouvrage Prunk und Pracht am Hofe Menilek, Verl. NZZ, Zürich, 2004, précise que, selon Konrad Keller (Alfred Ilg, sein Leben und sein Wirken als schweizerischer Kulturbote in Abessinien, Huber, Frauenfeld, 1918, p. 105), cette série de photographies auraient été prises en 1896 après la bataille d’Adoua1.
Couverture du livre d’E Biasio avec la photographie de Ilg. Inv. 805.01.002
Elisabeth Biasio, « Prunk und Pracht am Hofe Menilek », p. 54. Inv. 805.01.001
Une de ces photographies, diffusée par l’agence Chusseau-Flaviens, dont nous avons déjà parlé, avait probablement paru dans la presse illustrée de l’époque.
Photo créditée Charles Chusseau-Flaviens/George Eastman House/Getty Images.
C’est donc l’image d’un souverain africain, vainqueur des armées du roi d’Italie, avec lequel les puissances européennes ont appris à compter, qui sert de référence à ce moulage. La croix rappelle que le royaume d’Éthiopie est chrétien de longue date ; le lion2, emblème de la royauté éthiopienne (Ménélik II prétend descendre du roi Salomon et de la Reine de Saba), est ici donné comme symbole de force ; le chemin de fer, au pied du roi, constitue le troisième pilier sur lequel s’appuie l’empereur3.
Au sujet des représentations photographiques de Ménélik II, je rappelle l’ouvrage d’Estelle Sohier : Le roi des rois et la photographie, paru en décembre 2012 aux Publications de la Sorbonne (ISBN : 978-2-85944-717-5). Cet ouvrage que j’avais déjà signalé ici et ici, issu de sa thèse de doctorat, est une référence pour qui s’intéresse aux questions de la représentation pour cette période et dans cette région, et notamment dans le contexte de la confrontation du pouvoir politique éthiopien avec les puissances coloniales de l’époque. Sa thèse a fait également l’objet d’un article de recherche dans L’Histoire (373, mars 2012) et d’une émission de La Fabrique de l’histoire sur France culture (février 2012).
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Autre élément de curiosité : La carte est signée Walery – Paris. Elle porte aussi une marque : ELD. Nous en parlerons bientôt dans un prochain billet.
Notes :
On pense au tableau de Paul Buffet (salon de 1898) popularisé par Le Petit journal illustré (N° 406 du 28/08/1898). Le Négus Ménélik à la bataille d’Adoua.↩
Apocalypse 5.5 – Et l’un des anciens me dit : Ne pleure point : voici, il a vaincu, le lion de la tribu de Juda, la racine de David, pour ouvrir le livre et ses sept sceaux.↩
Sahle Maryam est couronné Negusse Negest d’Éthiopie le 3 novembre 1889 sous le nom de Ménélik II avec les titres de Roi des Rois d’Éthiopie, Lion Conquérant de la Tribu de Juda, Élu de Dieu. ↩